Hanoï. Vietnam. Avril 2016

Quatre heures d’attente inspirantes en solo à l’aéroport d’Hanoï au Vietnam.

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J’observe. J’ai dû voir des dizaines même des centaines d’aéroports dans le monde. Pour un aéroport international, je suis marquée par le calme qui s’impose. L’espace. Le civisme de chacun. Malgré les craintes manifestées par mes proches (une femme seule ouh !), prendre un vol interne au Vietnam est sécuritaire, tout à fait normal, agréable même, sauf… pour les retards de vols. Et comme dans tous les aéroports ; pas grand chose à faire sauf poser notre regard sur la vie qui y grouille. En fait, ce n’est pas rien.

C’est tout.

On dit d’Hanoï qu’elle est la plus pittoresque et exotique capitale de l’Asie du Sud-Est. Mais l’aéroport, à 30 minutes en voiture du centre, est moderne et brille comme un lustre fraîchement nettoyé. On est  à 1 000 lieux du chaos de la vieille ville de Hanoï, Hoan Kiem, où se trouvait mon hôtel.

Mon vol direction Hôi An a du retard! Et pas seulement 30 minutes. Quatre heures ! Me voilà face à cet imprévu qui me saisit et me force à m’arrêter.

Quatre heures en suspens, quelque part au Vietnam. Du travail à faire. Mais surtout l’envie d’apprécier ce microcosme, cette image réduite du monde.

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Ici, nous avons en commun avec notre voisin des jeans, un téléphone cellulaire et des roulettes sous une valise. Mais au delà de cela, les différences culturelles fourmillent. C’est ce qui m’a toujours captivé. Même dans notre propre culture : chaque être porte en soi une histoire propre, des amis, des parents, des joies, des peines, des amours déchus, des souvenirs, des deuils et grandes joies. Imaginez quand ces 2 voisins de sièges ou d’aéroport viennent de pays et cultures si différentes ?

La planète est éclectique. Chargée d’histoires fascinantes, d’humains bouillonnants parfois en secret. Tous ces gens se côtoient. Souvent dans la plus grande superficialité

Comme dans un aéroport.

Sur le plancher blanc reluisant de l’aéroport international de Hanoï où je suis en ce moment, se posent les pieds des gens des 100 coins du monde. Comme dans tous les aéroports, chaque voyageur vague à ses affaires, discute, lit ou fixe son téléphone. Et pour une observatrice dont la tête ne peut cesser d’analyser et scruter les moindres détails, le spectacle aéroportuaire est tout sauf monotone.

 

Je vois 2 jeunes bourlingueuses américaines bronzées, sac au dos, le regard un peu hagard, décoiffées par tant d’humidité, dont j’ai beaucoup de mal à saisir une quelconque trace de féminité. Des vietnamiennes au visage poudrée, désireuses d’avoir le teint le plus blanc possible. J’aperçois un groupe bruyant d’étudiants chinois excités de ce voyage scolaire, chantant très fort en faisant la file. J’entends parler japonais, suédois, anglais, espagnol (pas français !). Puis, je vois un moine bouddhiste, le nez dans ses papiers. Même les humains les plus spirituels, ceux dont la vie matérielle n’est que secondaire doivent retrouver leur carte d’embarquement et passer par la sécurité, avec l’inquiétude de faire sonner le détecteur. Plus loin, un groupe d’adolescentes chinoises, on dirait 10 jumelles à mes yeux. Deux voyageuses britanniques dans la cinquantaine, rieuses, viennent m’offrir une bouteille de vodka ! Elles ont oublié de le mettre dans leur valise, le check in est fait et voilà qu’elles cherchent quelqu’un à qui la donner. Elles pouffent de rire (moi aussi!), se retournent et arrêtent d’autres passants à qui donner la vodka!

Les voyages, c’est cela !

Des situations imprévues, absurdes, des éclats de rire, des histoires à raconter, des segments de vie décousus, surprenants, des images nouvelles, des certitudes et préjugés ébranlés. Je regarde les familles vietnamiennes faire la file. Moi qui trouvais que les familles suédoises étaient calmes (lors d’un voyage précédent) et que les parents ne montaient pas le ton, les vietnamiens sont impressionnants à cet égard! Pas un enfant qui pleure, pas un parent qui crie.

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Je suis au Vietnam. Vraiment? Je bois un café latte biologique, avec une excellente connexion wifi. À coté de moi, une vietnamienne âgée savoure une soupe pour déjeuner. Personne ne m’a demandée de consommer plus. Je m’octroie le temps, je me donne le droit d’être témoin du temps qui passe et de la beauté de notre monde diversifié. Là, au moment présent. Petite québécoise que je suis satisfaisant mon insatiable curiosité.

À l’autre bout de la planète. Avec cette impression que je suis aussi bien à ma place. Un peu chez moi ici, au Vietnam. À 12 630 kilomètres de ma maison et de mes proches à qui je pense d’un amour débordant.

 Et vous, les aéroports vous inspirent-ils aussi ?

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